mercredi 4 décembre 2024

Brest mars 1756 - armement des vaisseaux

 
L'armement des frégates et des vaisseaux à Brest en mars 1756 pour les régiments de La Sarre et de Royal Roussillon


C'est avec leurs appointements en main que le lundi 15 mars 1756, le marquis de Montcalm et Bougainville quittent Versailles pour se diriger vers Brest où ils s'embarqueront pour la Nouvelle France d'ici la fin du mois avec les régiments de La Sarre et de Royal Roussillon. Les deux hommes s'arrêtèrent à Rennes toute la journée du jeudi, le 18 mars. Ils arrivèrent à Brest le dimanche 21 mars. Le régiment de Royal-Roussillon fit son arrivée le jeudi 25 mars et fut passé en revue le lendemain pour l'embarquement fait immédiatement après. 


Le régiment de la Sarre l'y avait précédé en arrivant le lundi 22. Ce dernier régiment avait quitté Toulouse le 2 février 1756. On emmagasina les armes des soldats au magasin du roi. On les réarmerait une fois à terre en Nouvelle-France. Avant de s'embarquer, on offrit à déjeuner aux soldats. Selon Parscau Du Plessix, l'état d'armement des frégates n'avait pu être envoyé en même temps que celui des vaisseaux. Lorsque monsieur du Guay l'a reçu, ne le trouvant pas de son goût, il l'aurait refait à sa guise.


Le port de Brest était fort animé. Avec l'arrivée des troupes, la population avait presque doublé. Plusieurs frégates et vaisseaux mouillaient dans la rade. Le port lui bourdonnait d'activité tel que le rapporte Bougainville dans son journal.

«On y travaille considérablement. Le projet est de faire sauter des roches qui l'environnent presque de tous les côtés pour construire des magasins tout autour. On y construisait dans le même temps trois nouveaux bassins pour le radoub des vaisseaux. Il y a sur le port un bagne nouvellement bâti où sont enfermés les galériens qu'on a transportés ici de Marseille et de Toulon. On les fait travailler aux ouvrages du port et ils sont fort utiles pour cela.»


À en croire Bougainville, la seule chose qui vaille est la rade qu'il qualifie de belle et spacieuse. Pour le reste, voici ce qu'il en retient : « Elle est vilaine et mal fortifiée du côté de la terre. Le port a le défaut d'être un peu trop étroit». Le lieutenant Guillaume de Meritens de Pradals, dans une lettre écrite à son frère, se plaint du fait que « Tout est d'une cherté extrême à Brest; ils (les marchands brestois) ne démordent pas de ce qu'ils vous demandent, il faut prendre ou laisser. » Étant originaire de Toulouse, il s'empresse de préciser que s'il y avait fait ses achats, plutôt que de les faire à Brest, il aurait fait de bien meilleures affaires et surtout des épargnes considérables. 


Avant d'embarquer les troupes, il fallait compléter les compagnies afin qu'elles comptent 40 soldats chacune, 45 pour les grenadiers. Or l'année précédente, en 1755, lors de l'embarquement d’autres régiments pour le Canada, voici comment on avait procédé, selon le chevalier de La Pause.


«...ce régiment [Guyenne] se trouva en bataille à 5 heures du matin sur la place où il y avait un détachement de la marche prime sous les armes, on avait même renforcé les gardes, on demanda au premier bataillon des soldats de bonne volonté pour compléter les compagnies du second au nombre de 40, ces soldats furent mis à la queue des compagnies; à mesure qu'on eut fait compléter les compagnies, on les menait l'une après l'autre déposer leurs armes à un petit magasin qu'on avait fait en forme de cabane, et on leur en donnait des neuves, après quoi un officier major de l'escadre et un des aides de camp ... furent les conduire sur le port; on leur donna à déjeuner, et on les fit embarquer dans des chaloupes pour les rendre à leur destination».


Il s'est passé sensiblement la même chose lors de l'embarquement de 1756. Cependant, en ce qui concerne le Royal Roussillon, la formation des bataillons a été complètement refaite si bien que des compagnies provenant des deux bataillons forment un nouveau second bataillon envoyé au Canada. En examinant le contrôle des soldats de 1756, on en arrive à la conclusion que les compagnies ont été complétées de la même manière qu'en 1755, par des volontaires provenant de compagnies demeurant en France.


Compagnies provenant du 1er bataillon, envoyées au Canada
de Poulharies, Ducoin, de Bassignac, d'Aureillan, de Rouyn, de Bourgat, et de Thiballier. 

Compagnies provenant du 2e bataillon, envoyées au Canada
d'Estor, Ducros, de Boisset, de Valette, Dufresmoy et de Servies.


Le marquis de Montcalm ainsi que les officiers furent prêts à s'embarquer le samedi 27 mars 1756. Les officiers s'embarquèrent sur les frégates, dont La Sirène reconnue pour être la meilleure voilière d'Europe, et les troupes sur les vaisseaux, au nombre de 8 ou 9 compagnies par vaisseau, ce qui représente plus de 300 soldats. L'armement fut ainsi fait sur trois frégates: la Sauvage, la Licorne et la Sirène ainsi que sur «trois vaisseaux de 72 canons armés en flûte, c'est à dire qui n'avaient que leur seconde batterie et quelques canons sur leurs gaillards», selon de Bougainville. Ces vaisseaux, le Héros, l'Illustre et le Léopard, avaient un nombre de canons différent de ce qu'avance de Bougainville. Le Héros était un vaisseau de 74 canons et les deux autres n'en avaient que 64. (la suite ici)






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