samedi 15 mars 2025

Régiment de Royal Roussillon - notes historiques

 

Le régiment de Royal-Roussillon est fondé le 25 mai 1657, par le cardinal de Mazarin, à qui il appartient. Ainsi, il est d'abord connu sous le nom de Catalan-Mazarin. Le régiment passe l'année à Perpignan où il a été formé.  À la mort du cardinal en 1661, Louis XIV, héritier universel de Mazarin, le renomme Royal-Catalan. Il prend définitivement le nom de Royal Roussillon en 1667. Le régiment recrute ses premiers engagés dans les provinces de Roussillon et de Catalogne. 


Le Royal-Roussillon participe à plusieurs sièges, batailles ou guerres, un peu partout sur le territoire européen. Certains des soldats du second bataillon, venus au Canada lors de la guerre de Sept Ans, participent entre autres, aux campagnes suivantes:


Bataille de Parme                 29 juin 1734, campagne d'Italie

Siège de Pizzighetone ou Piziquiton septembre 1734, campagne d'Italie

Bataille de Guastalla ou Guestelle 19 septembre 1734, campagne d'Italie

Corse                      1739-1741

Rheinweiler                 4 septembre 1743, succession d'Autriche

Siège de Fribourg           1744, succession d'Autriche

Col de l'Assiette           19 juillet 1747, succession d'Autriche


En 1746, le régiment quitte les Pays-Bas pour aller défendre la Provence contre l'invasion italienne. Une ordonnance du Roi du 25 octobre entérine la formation d'un second bataillon. Ce n'était pas la première fois qu'on doublait les effectifs du Royal Roussillon. Un second bataillon avait été mis sur pied en 1701 mais avait été licencié en 1715. Ce même second bataillon est envoyé au Canada en mars 1756, en compagnie de celui de La Sarre, non sans avoir été presque entièrement reconstitué à même le premier.


Le second bataillon rentre en France à l'automne 1760. Les soldats, qui ne sont plus en état de combattre, entrent aux Invalides en 1761. Les autres sont envoyés de La Rochelle vers la vallée du Rhône où ils seront appelés à surveiller la frontière franco-italienne. Une quarantaine de Lorrains feront le voyage de retour. De ce nombre, une bonne trentaine demeurera encore quelque temps dans l'Armée. Les invalides, pour une grande part, bénéficieront d'un nouveau programme de pension, instauré par le Roi. Grâce à cela, ils pourront retourner vivre dans leur coin de pays, près des leurs, où séjourner dans l'institution hospitalière de leur choix.





lundi 17 février 2025

Épidémie de typhus - les morts ou hospitalisés de juin à Québec en 1756

 

Guillaume de Meritens de Pradals, lieutenant des grenadiers de La Sarre, embarqué à bord du Léopard, dit ceci de sa traversée dans une lettre adressée à son frère, datée du 4 juin 1756.

 
« Enfin me voilà arrivé à la capitale du Canada, avec bien du plaisir je vous assure. S'il n'avait pas été un grand rhume de poitrine que j'ai eu et qui me tient encore, j'aurais fait bon voyage en parfaite santé. J'espère que j'en serai quitte en prenant le lait que je prends sortant du pis de la vache; je trouve que cela me fait un grand bien. Nous avons eu tous nos soldats malades, mais ils se remettent tous les jours. Nous n'avons perdu, dans notre course, que sept hommes dont deux matelots (en date du 4 juin); des autres vaisseaux ils n'ont presque pas eu de malades, et n'ont perdu que peu de monde; nous avons été plus maltraités. » 

Dans l'édition de juillet 1943 du Bulletin des recherches historiques consacrée entre autres aux épidémies ayant sévi à Québec, on peut y lire le texte qui suit au sujet de l'épidémie de Typhus.

Bulletin des recherches historiques, juillet 1943, p. 210-211.


Cette épidémie n'est pas sans conséquence pour la ville de Québec. Les soldats embarqués à bord du Léopard seront les premiers touchés par cette maladie infectieuse. Voici une liste de soldats et officiers du Royal Roussillon et de La Sarre morts ou hospitalisés au courant du mois de juin 1756 suite à l'épidémie de typhus qui eut lieu à bord du Léopard. On dénombre également plusieurs victimes parmi les matelots et membres d'équipage.

samedi 1 février 2025

Arrivée des régiments de Royal Roussillon et de La Sarre à Québec en mai 1756


Le Départ de Brest de la flotte française pour l'expédition de
Port-Mahon dans l'île de Minorque le 10 avril 1756.
Les régiments de Royal Roussillon et La Sarre firent leur arrivée à Québec entre le 12 et le 31 mai 1756 à Québec. Les soldats n'eurent pas l'occasion de visiter Québec car ils reçurent leur destination presque immédiatement après leur arrivée.  Voici tout de même ce que l'enseigne Parscau Du Plessix avait à dire sur Québec lors de son passage: « L'enceinte de la ville est grande et elle est assez bien bâtie. Elle est partagée en haute et basse ville, étant placée sur une montagne qui s'abaisse en pointe du côté du levant». Cet enseigne rapporte une étymologie du nom Québec fort amusante: « ... Il y en eut un qui s'écria "quel bec" et comme il trouvèrent cet endroit commode pour y faire un établissement, on lui laissa ce nom. » 


Montcalm arrivé le premier sur la Licorne le 12 mai, partit immédiatement vers Montréal qu'il atteignit le 26 mai. Il devait y rencontrer le marquis de Vaudreuil afin de déterminer les destinations des régiments. Montcalm y rencontra Doreil, commissaire de guerre, qui l'informa de tout ce qu'il devait savoir afin de prendre des décisions éclairées. Bourlamaque arriva le 30 à Montréal, jour du départ de Doreil pour Québec. 


Entre-temps les cinq autres vaisseaux et frégates étaient arrivés à bon port. La Sauvage, arrivée le 31 mai 1756 à Québec, avait plusieurs malades sur les cadres. Deux matelots, morts pendant la traversée, furent jetés par-dessus bord le 5 mai. La Licorne et Le Héros l'avaient précédée en arrivant le 13 mai. La Sirène entra au port le 25 mai. L'Illustre est arrivé le 30 mai. 


Le Léopard, vaisseau que partageaient quelques compagnies du Royal Roussillon et de La Sarre, arriva à Québec le 30 mai 1756 au matin. On le mit en quarantaine dès son arrivée dans le port. On sait qu'une maladie épidémique s'est développée à bord. Celle-ci fut attribuée au manque de propreté car les officiers avaient fait gratter et nettoyer l'entrepont qu'une seule fois au cours de la traversée. D'autres blâmèrent le poisson. Un tribunal accusa le capitaine d'être responsable de ce manque d'hygiène. Toutefois, lorsque le jugement fut rendu, le capitaine de Gomain était lui-même décédé de cette maladie : le typhus. 


Arrivé à Québec le premier juin, Doreil passa le régiment de La Sarre en revue le lendemain et fit de même pour le Royal Roussillon le 7 juin. Ils remit à chacun l'habillement, la nourriture et fit "raccommoder" les armes. Chacun de ces bataillons partit en deux divisions. Les deux divisions de la La Sarre quittèrent Québec les 5 et 6 juin, firent route par eau jusqu'à 15 lieues de Montréal et de là s'y rendirent par terre.  Celles de Royal Roussillon partirent de Québec les 11 et 12 juin pour se rendre par terre près des Trois-Rivières où elles continueraient leur voyage par eau. Les soldats malades iraient les rejoindre plus tard. 


Au 15 juin, soit deux semaines après son arrivée, 280 des soldats embarqués sur ce navire étaient à l'Hôpital général ou à l'Hôtel-Dieu de Québec. Alors qu'un peu plus de vingt soldats embarqués sur les autres vaisseaux s'y trouvèrent, incommodés par la traversée. Au vingt juin, Doreil compte 20 soldats décédés de cette maladie virale ainsi qu'un domestique. Du côté de la marine, le bilan est plus lourd. On déplore le décès d'environ cinquante matelots ou soldats de l'équipage. Leur capitaine, le lieutenant chirurgien ainsi que l'aumônier sont décédés. Afin de découvrir ce qu'était cette maladie et d'apporter un bon traitement, Doreil fait ouvrir les corps de deux grenadiers décédés depuis peu. Ce qu'il découvre n'est pas très joli: «On trouva la rate d'un volume considérable et gangrenée; un engorgement de sang et un gonflement de la tête avec un commencement de suppuration dans le cerveau, etc.».

samedi 25 janvier 2025

Les effectifs de Royal Roussillon et La Sarre en Amérique


Tableau indiquant le nombre de soldats et officiers des régiments de La Sarre et de Royal Roussillon pour chacune des campagnes de la guerre de Sept Ans au Canada ainsi qu'au moment de la capitulation. Ces données sont tirées de la Collection des manuscrits du maréchal de Lévis.



 

dates

soldats La Sarre

officiers La Sarre

soldats 

Royal Roussillon

officiers 

Royal Roussillon

1756, mars (Brest)

525

31

525

31

1756, nov.

497

---

500

---

1757, oct.

510

---

515

---

1758, mai

499

---

508

---

1759, mai

489

---

485

---

1760, avril (Ste-Foy)1

339

24

304

24

1760, 16 sept.

210

27

270

30

1. Info tirée des mémoires du Chevalier de La Pause.  




Bibliographie


BRONZE, Jean-Yves. Les morts de la guerre de Sept Ans au cimetière de l'Hôpital-Général de Québec, Québec, PUL, 2001, pp 75-79. 

CHARBONNEAU, Hubert dir. Programme de recherche en démographie historique (PRDH), Montréal, PUM, 1980, 47 volumes, paroisse Notre-Dame-de-Québec. 

de BOUGAINVILLE, Louis Antoine. Écrits sur le Canada: mémoires - journal - lettres, Éd. du Pélican, Québec, 1993, 454 pages. 

DOUVILLE, Raymond. «Le Canada 1756-1758, vu par un officier du régiment de La Sarre», Cahier des Dix, n° 24 (1959), p. 113-132. 

HÉLIOT, Pierre. «La Campagne du régiment de La Sarre au Canada», Revue d'histoire de l'Amérique française, Montréal, Institut d'histoire de l'Amérique française, vol. 3, 1949-1950, p. 518-538. 

PARSCAU DUPLESSIS, Louis Guillaume. Journal d'une campagne au Canada à bord de la Sauvage, mars-juillet 1756, Québec, s.é., 1930, 20 p. 

Chevalier de La PAUSE. Mémoire et observation sur mon voyage au Canada, RAPQ, Québec, 1931-1932, p. 3-125.

Soldat du régiment de Royal Roussillon 1758

 

Royal-Roussillon- 1758, 1932, BAnQ Québec, Collection initiale, (03Q,P600,S5,PAQ26), A. d' Auriac.


Source : BAnQ numérique